Un nouveau gouvernement plus à droite, moins parisien
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Bonjour tout le monde.
On commence par une petite prise de recul. Parce qu’on pourrait penser par moment que la vie politique est tendue. Mais en fait ça va. Au Brésil, lors des débats télévisés, on se balance des chaises à la tronche.
La composition du nouveau gouvernement français a été annoncé samedi soir. Il comporte 39 ministres (en + du Premier ministre). Le Parisien en a fait une jolie revue d’effectif. Plusieurs petites choses à noter :
Alors que Michel Barnier avait promis un gouvernement équilibré, on se retrouve avec une équipe qui penche fortement à droite. La droite conservatrice et les macronistes s’y taillent la part du lion. Seul représentant de gauche : Didier Migaud. Cet ancien député socialiste et président de la Cour des comptes a été nommé ministre de la Justice.
Ce gouvernement est beaucoup moins parisien que ce qu’on a connu dernièrement : “La distance médiane entre le lieu de naissance des ministres de Barnier et Paris est de 210 km. Elle était de 17 km pour les ministres d'Attal”, a repéré Le Grand Continent.
Huit sénateurs font partie du nouveau gouvernement, signe de l’influence retrouvée du Sénat, et notamment de son président Gérard Larcher, qui voit plusieurs proches intégrer l’équipe de Michel Barnier.
Bien que le nouvel exécutif respecte la parité, avec 20 hommes et 20 femmes, la répartition est plutôt masculine dans les postes de plein exercice, et féminin parmi les ministères délégués et secrétariats d’État.
Le portefeuille du Budget et des comptes publics est désormais sous la tutelle de Matignon (= du Premier ministre) et non plus de Bercy (= le ministère de l’économie et des finances). Ce qui confirme que Michel Barnier veut garder la main sur le budget.
La France a pour la première fois un secrétariat d’État à l’Intelligence artificielle.
Il y a également une “ministre déléguée chargée de la Coordination gouvernementale”. A quoi servira Marie-Claire Carrère-Gée, la titulaire du poste ? “A faire travailler conjointement des personnalités qui n’avaient pas travaillé ensemble jusque-là” ont répondu les services du Premier ministre à Politico.
Plusieurs ministres ont annoncé qu’ils allaient conserver leur mandat d’élu local, remarque Le Monde. Le nouveau gouvernement comptera un président de département et trois maires. Plusieurs lois ont interdit le cumul du mandat de parlementaire avec celui d’un exécutif local. En revanche, il n’existe pas d’obligation légale pour les ministres.
Nouveau gouvernement ou remaniement ? Sans surprise, ce gouvernement ne satisfait pas vraiment les oppositions. Car il permet largement aux macronistes de rester au pouvoir. Sur les 39 membres du gouvernement, 12 sont issus des rangs d’Ensemble pour la République, 3 du MoDem et 2 d’Horizon. Quelques-uns occupaient même déjà des postes dans le précédent gouvernement. Sébastien Lecornu conserve par exemple son poste aux Armées, tout comme Rachida Dati à la Culture. Pour Jordan Bardella (RN), “ce ‘nouveau’ gouvernement signe le retour du macronisme par une porte dérobée”. Même constat chez Éric Coquerel (LFI), “ce gouvernement est réactionnaire, mais en plus il va faire exactement la même politique que Monsieur Macron, sûrement pire, alors même que les Français ont refusé très majoritairement cette politique”. Alors, combien de temps tiendra le gouvernement Barnier ? Les partis de gauche ont déjà promis de voter la motion de censure. L’extrême droite se réserve aussi la possibilité de le faire. De son côté, Michel Barnier estime avoir le soutien de “220 à 230 députés, soit le socle le plus important de l’Assemblée nationale”. Le HuffPost.
Les grands axes. Michel Barnier a dévoilé les grandes lignes de sa politique dimanche au 20h de France 2 : niveau de vie, services publics, sécurité, immigration, attractivité économique... Ça reste très flou. Il a quand même promis de “prendre le temps d’améliorer la réforme des retraites”, de ne pas augmenter les impôts “des Français les plus modestes”, et de préserver les “grandes lois de progrès social ou sociétal”, concernant les droits LGBT et le droit à l’avortement par exemple, selon franceinfo.
Éric Ciotti quitte le parti Les Républicains. Il l’a annoncé lui-même ce weekend dans Le Figaro. L’ex-président des Républicains a enfin lâché l’affaire, lui qui ne voulait pas lâcher son strapontin alors que la quasi-totalité du parti voulait le mettre à la porte depuis son association surprise avec le RN au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale.
La France est-elle de droite ? Selon le politiste Vincent Tiberj dans franceinfo, pas forcément. Même si deux tiers des voix sont allées au centre droit, à la droite et à l'extrême droite lors des élections législatives du début de l’été. “Les électeurs et les citoyens ne peuvent plus être considérés comme des synonymes”, explique-t-il. Il entend par là que l’abstention est devenue trop forte pour ne plus être prise en compte. Il remarque aussi qu’on est “dans un monde où 40 à 50% des répondants ne se sentent proches d'aucun parti.” La seule chose qui est sûre, selon lui, c’est que les Français ne sont pas de plus en plus conservateurs. Il l’explique dans The Conversation : “il faut revenir sur les évolutions des opinions des citoyens français dans le temps. Sur certaines questions culturelles et même sur la tolérance envers l’immigration, les progrès sont impressionnants. De même, les questions socio-économiques restent des marqueurs importants pour les citoyens et les demandes vers plus de redistribution et d’égalité non seulement n’ont pas disparu, mais elles reviennent en force.”
🇩🇪 Allemagne. Le Parti social-démocrate (le SPD), parti du chancelier (= Premier ministre) Olaf Scholz, a remporté les élections régionales du Brandebourg dimanche, évitant ainsi une nouvelle défaite face à l’extrême droite, après celle en Thuringe il y a quelques semaines. Un soulagement pour le chancelier Scholz, même si cette victoire est loin d’être un triomphe. Une défaite dans le Brandebourg, fief du SPD, aurait pu sceller son sort, alors qu’il est candidat à sa reconduction en 2025.
🇺🇸 États-Unis. Donald Trump a assuré, dimanche dans une émission télé, qu’il ne se représentera pas en 2028 s’il perd en novembre face à Kamala Harris. Ouest-France.