Bonjour tout le monde. Ravi de vous retrouver pour cette dernière édition de l’année.
Ristretto politique devient payant. Ce qui prendra effet dès début janvier. J’explique toute la démarche ici. Vous pouvez d’ores et déjà prendre un abonnement, histoire de ne pas manquer la première édition de 2025 et de profiter de 20% de réduction.
Okazou ça vous aurait échappé. Emmanuel Macron a nommé, vendredi dernier, François Bayrou Premier ministre. Son premier défi sera de constituer un gouvernement, puis de doter la France d’un budget pour l’an prochain, avec une Assemblée nationale toujours sans majorité, qui peut le faire tomber à tout moment.
François Bayrou est le président du parti centriste Modem, qu’il a fondé en 2007. Il a été plusieurs fois ministre (à l'Éducation nationale notamment) sous François Mitterrand, Jacques Chirac et Emmanuel Macron.
Il n’était pas le premier choix d’Emmanuel Macron pour le poste. Loin de là. Le Président lui avait même annoncé le matin-même que ça ne serait pas lui. Mais devant les menaces de François Bayrou de quitter la coalition présidentielle, Emmanuel Macron a cédé. Le Parisien.
Il cumule les fonctions. Il est Premier ministre, Haut-commissaire au Plan, maire de Pau et président de l’agglomération de Pau. Rien d’illégal là-dedans, mais c’est désormais mal-vu. Édouard Philippe et Jean Castex avaient d’ailleurs démissionné de leurs mandats locaux en arrivant à Matignon.
Et forcément, avec autant de fonctions, il peut arriver que deux réunions se déroulent en même temps. Le nouveau Premier ministre a déjà dû faire un choix. Il a préféré se rendre avant-hier soir au conseil municipal de Pau, plutôt que d’assister en présentiel à la cellule de crise sur Mayotte organisée par Emmanuel Macron (il était en visio).
Comme si cette controverse ne suffisait pas, François Bayrou s’est emmêlé les pinceaux, hier, à l’Assemblée nationale. Pour justifier le fait qu’il n’avait pas prévu d’aller à Mayotte ces prochains jours, il a indiqué qu’Emmanuel Macron ferait, lui, le déplacement. “Il n’est pas d’usage que le Président et le Premier ministre quittent en même temps le territoire national”, a-t-il lâché, alors que Mayotte est un département français et fait donc bien parti du territoire national. 20 minutes.
A noter qu’il est toujours poursuivi dans l'affaire des assistants parlementaires européens du Modem. Il lui est reproché d'avoir détourné des fonds européens afin de les utiliser pour rémunérer des assistants parlementaires qui travaillaient en réalité pour son parti. Il a été jugé en première instance à l'automne 2023, où il a été relaxé “au bénéfice du doute”. Mais le parquet a fait appel. La date du procès en appel n’est pas encore fixée, mais si d’aventure François Bayrou était toujours à Matignon au moment de sa tenue, ça serait une première pour un Premier ministre en exercice.
Et pendant ce temps, qui gouverne ? Une fois de plus, le sort du pays repose sur un gouvernement démissionnaire, c’est-à-dire une équipe chargée d’expédier les affaires courantes, constate Nicolas Beytout dans L’Opinion. Et une fois de plus, “un gouvernement fraîchement nommé devra ensuite prendre des décisions en urgence et sans le recul nécessaire pour en juger”. Pas de secret, pendant ces périodes instables, c’est l’administration qui prend le relais. “C’est bien sûr la force d’un Etat structuré d’avoir une administration solide sur laquelle s’appuyer. Mais c’est aussi une faiblesse de voir que ce sont des haut-fonctionnaires, fussent-ils les mieux formés du monde, qui tiennent les leviers de direction du pays”, s’émeut le journaliste politique.
Loi spéciale. L’Assemblée nationale a adopté lundi, en première lecture, le projet de loi de finances spéciale (le fameux PLS, vous vous souvenez ?). Face à une situation rarissime, aucune voix ne s’est opposée. Le texte doit désormais être approuvé par le Sénat, où il sera étudié aujourd’hui.
Ce texte technique, court et provisoire a été rendu indispensable par la censure du gouvernement Barnier et l’abandon des deux projets de budgets pour 2025. Il vise simplement à éviter une paralysie budgétaire en reconduisant pour un an le budget de 2024. Et ce, en attendant qu’un budget pour 2025 soit voté en bonne et due forme. Concrètement, le texte autorise le gouvernement à prélever l’impôt et à emprunter pour financer l’État et la Sécurité sociale.
Une fois le PLS définitivement voté par le parlement, le gouvernement devra prendre des décrets ouvrant les crédits nécessaires pour les services votés, indique le site du ministère du budget. Selon Contexte, ces textes sont déjà en cours de préparation et seront publiés avant la fin de l’année : “ils devraient reconduire de manière mensualisée l’ensemble des missions budgétaires du projet de loi de finances 2024, au niveau des montants adoptés par le Parlement l’an dernier”.
UE-Géorgie. Le candidat pro-russe Mikhaïl Kavelachvili (ancien footballeur international) a été désigné samedi Président du pays par un collège électoral dominé par le parti au pouvoir “Rêve géorgien”. Mais ce vote est contesté. Le pays du Caucase connait une grave crise politique depuis les dernières élections législatives, fin octobre, dont l’opposition pro-européenne conteste là-aussi les résultats. L’actuelle présidente pro-européenne, Salomé Zourabichvili, compte carrément ne pas laisser sa place à Mikhaïl Kavelachvili, alors que la passation doit avoir lieu le 29 décembre. “La passation n’est valide que si c’est un président légitime. Tant que ce n’est pas le cas, je reste dans ce pays la seule source de légitimité et de continuité”, avait-elle déclaré début décembre. Elle est soutenue par le Parlement européen, qui dénonce des irrégularités dans le scrutin. france 24.
Les ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l’UE se sont réunis lundi, afin d’évoquer d’éventuelles sanctions à l’encontre des responsables politiques géorgiens ayant participé à la répression des manifestions proeuropéennes des deux dernières semaines. Mais la Hongrie et la Slovaquie s’y sont opposés, relate Contexte. Deux pays eux aussi dirigés par des Premiers ministres prorusses. Or il faut l’unanimité pour mettre en place de telles sanctions.
UE-Rassemblement national. Jordan Bardella a demandé au Parlement européen l’embauche à temps partiel de son directeur de cabinet, François Paradol, comme assistant parlementaire local. Ca a été refusé par l’administration du parlement, qui estim qu’il y a là un risque que “les ressources de l’Union européenne soient utilisées à d’autres fins que celles auxquelles elles sont censées être affectées, notamment au profit d’un mouvement politique”. Le risque, explique Le Monde, est en fait qu’il soit impossible de distinguer ses missions d’assistant parlementaire local de celles de directeur de cabinet. Ce mélange des genres, et ce soupçon de détournement de l’argent du contribuable européen pour permettre au parti de faire des économies, est précisément au cœur du procès des assistants parlementaires du FN, dont le jugement a été mis en délibéré au 31 mars.
C’est quoi ça, un assistant parlementaire local ? Il s’agit d’assistants payés directement par le député européen, au contraire des assistants installés à Bruxelles, pour aider l’élu à expliquer son travail d’eurodéputé dans sa circonscription, en l’occurrence la France.
Ve République. Dans une interview à franceinfo, Véronique Champeil-Desplats, professeure de droit public à l'université Paris-Nanterre, explique que le blocage politique actuel, causé par l’éclatement de l’Assemblée nationale en trois blocs de taille presque égale, n’est pas le fait des institutions de la 5e république, mais bien des politiques eux-mêmes :
“Nous avons assisté à un grand renouvellement de la classe politique ces dernières années, et celle-ci n'est pas préparée à surmonter ces crises. Pour autant, cela ne veut pas dire que nos institutions ne peuvent pas fonctionner en l'absence de majorité à l'Assemblée nationale.”
“Je ne pense pas que la Constitution empêche le dialogue entre les forces politiques. Il s'agit plutôt d'un problème politique. A partir du moment où les partis refusent, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, de gouverner avec d'autres forces politiques pour s’assurer d’une majorité, il y a un problème.”
“On pourrait imaginer de façon plus explicite des institutions qui permettent de gouverner avec des majorités relatives, mais très peu de systèmes politiques dans le monde y parviennent.”
🇩🇪 Allemagne. Sans surprise, le chancelier (= le premier ministre) Olaf Scholz a perdu avant-hier le vote de confiance qu’il avait demandé aux députés, après le délitement de sa coalition réunissant sociaux-démocrates, Verts et libéraux. Ce résultat va déboucher sur la dissolution du Bundestag (= l’Assemblée nationale). Des élections législatives anticipées devraient être organisées le 23 février 2025, même si la date n’est pas encore officielle. Le chef des conservateurs de la CDU, Friedrich Merz, fait figure de favori pour cette élection, d’après Le Monde.
Une toute pitite principauté. Le média britannique The Times s’est penché sur le cas amusant du village de Laàs, dans le Béarn (= sud-ouest de la France), devenu micronation par la “folie” de son maire, Jacques Pédehontaà. Celui-ci avait demandé en 2011 à Nicolas Sarkozy de pouvoir faire de son village, 140 habitants, une principauté, avec les mêmes avantages fiscaux que Monaco ou Andorre. La réponse a évidemment été “non”. Début 2014, les élus municipaux proclament quand même, pour rire, l’indépendance de la bourgade. Le gouvernement français n’a pas réagi publiquement à cette déclaration d’indépendance. D’où la création d’une micronation. Mais derrière le vernis fantasque se cache un élu accusé de corruption et de détournement de fonds publics, rappelle le média britannique. Courrier international.
Dur, dur, d'être premier ministre. Curieusement, on apprend ce matin que sur le site du Robert, le mot "hybris" fait partie du top 10 des requêtes...