☕ Un premier ministre d'ici demain, on y croit ?
Les infos politiques du 11 décembre au matin.
Bonjour tout le monde. Content de vous retrouver. Autant que ces deux-là.
A la recherche d’un nouveau Premier ministre. Mercredi dernier, les députés du NFP (= les partis de gauche) et du RN ont voté ensemble une motion de censure. Michel Barnier a ainsi dû présenter la démission de son gouvernement, le lendemain, à Emmanuel Macron. Ce qui fait de Michel Barnier le Premier ministre le plus éphémère de la 5e République, avec 90 jours de longévité seulement à Matignon.
Depuis, Emmanuel Macron cherche un nouveau Premier ministre. Après avoir enchaîné des réunions camp par camp, le Président a reçu hier après-midi les chefs des partis politiques et présidents de groupes parlementaires (tous sauf ceux du RN et de LFI) pour une réunion commune à l’Élysée. Elle a duré deux heures trente. L’idée d’une grande coalition a d’emblée été exclue. Mais les choses semblent avancer concernant un accord de non-censure, pour ne pas faire tomber le prochain gouvernement.
C’est pour bientôt ? Durant cette réunion, le chef de l’État a fait savoir à ses interlocuteurs qu’il compte nommer un Premier ministre avant demain soir. Il a également indiqué qu’il n’a pas l’intention de dissoudre une nouvelle fois l’Assemblée nationale d’ici la fin de son mandat, en 2027.
Tension au NFP. En parallèle de cette réunion, la tension est montée d’un cran hier à gauche entre La France insoumise et le Parti socialiste. Le leader des insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a reproché aux autres composantes du Nouveau Front populaire leur présence dans ces négociations.
Projet de loi spéciale. La chute du gouvernement Barnier a pour conséquence de priver la France de textes budgétaires pour 2025 (pour l’instant). Pour parer à l’urgence, le gouvernement démissionnaire a d’ores-et-déjà transmis un “projet de loi spéciale” (= le PLS (vraiment)) au Conseil d’État, qui a pu faire ses retours juridiques sur le texte. Il sera présenté demain en conseil des ministres, et soumis aux députés et sénateurs a priori dès jeudi.
Selon LCP, ce PLS comprend trois articles. Le premier autorisera le gouvernement à continuer à percevoir les impôts existants et à débloquer des crédits sur la base de ceux de 2024, jusqu’au vote d’un budget en bonne et due forme. Les deux autres articles doivent permettre à l’État et à la Sécurité sociale d’emprunter sur les marchés financiers, afin d’éviter de se retrouver en cessation de paiements. Une telle loi n’avait pas été présentée au Parlement depuis 1979.
Tous les groupes politiques, y compris LFI et le RN, ont déjà annoncé qu’ils voteraient ce texte. Ce qui n’empêchera pas que les débats à l’Assemblée nationale seront, à n’en pas douter, véhéments. Une incertitude demeure, relève Politico : les parlementaires pourront-ils amender comme ils le souhaitent un tel texte ?
Mercosur. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a indiqué vendredi dernier, depuis Montevideo en Uruguay, la signature de l’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay).
Pour autant, la procédure est encore longue avant que l’accord ne soit ratifié. Le texte doit encore être voté par le Conseil et le Parlement européen.
La France est fermement opposée à la conclusion de cet accord. Emmanuel Macron l’a d’ailleurs qualifié “d’inacceptable”. C’est surtout pour le secteur agricole que Paris est inquiet, notamment en ce que les importations pourraient ne pas être soumises à des exigences environnementales aussi élevées que les produits européens.
Difficile de dire si la France trouvera suffisamment d’alliés pour faire échouer ce texte. La Pologne semble prête à suivre. L’Italie aussi, “mais le vote final de Giorgia Meloni reste incertain”, note WhatsupEU.
Il y a quoi dans cet accord avec les pays du Mercosur ?
S’il venait à être ratifié, cet accord conduirait à supprimer l’essentiel des droits de douane entre l’UE et le Mercosur, créant un marché de plus de 700 millions de consommateurs. WhatsupEU donne l’exemple des exportations de voitures, vin et chocolat depuis l’UE vers le Mercosur, qui sont actuellement taxées à hauteur de 35%, 27% et 20%, et qui ne seraient donc plus taxées.
🇸🇾 Syrie. Les rebelles, menés par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ancienne branche d’Al-Qaïda, ont annoncé dimanche la fin du règne de Bachar al-Assad, après une offensive fulgurante (à peine plus de dix jours). C’est la fin de cinq décennies d’un régime autoritaire et sanglant.
Alors que le dirigeant déchu a vraisemblablement fui en Russie, les Syriens tentent de rebâtir une structure politique, avec aux manettes HTS. Le groupe affirme avoir rompu avec le jihadisme, ce qui ne convainc pas vraiment les pays occidentaux, dont les États-Unis, qui le classent parmi les mouvements terroristes.
Les rebelles syriens ont nommé hier un chef de gouvernement transitoire, Mohammad Al-Bachir, qui assurera ses fonctions jusqu’au 1er mars 2025. Il dirigeait jusqu’ici le “gouvernement de salut national” (= l’administration qui gouverne les territoires contrôlés par le groupe HTS) depuis janvier 2024. Il aura pour mission de former un nouveau gouvernement et de gérer la phase de transition, énonce Le Figaro. Dans sa première interview à la chaîne al Jazeera, Mohammad al-Bachir a promis “stabilité et calme” au peuple syrien épuisé par plus de 13 ans de guerre, rapporte Le HuffPost.
Défaite surprise pour le RN dans les Ardennes. Une élection législative partielle y était convoquée ce weekend, après la démission du député RN sortant. Mais, alors que le parti d’extrême droite avait largement viré en tête au 1er tour, c’est l’ancien député de la majorité macroniste Lionel Vuibert qui l’a emporté dimanche (avec 372 voix d’avance). Ce dernier se fait désormais désiré. Alors qu’il était député Renaissance entre 2022 et 2024, il a pour l’instant choisi de siéger en tant que non-inscrit. Le Monde.
Renaissance. L’ancien premier ministre Gabriel Attal a été officiellement élu, ce weekend, secrétaire général de Renaissance, par le conseil national du parti fondé par Emmanuel Macron. Il était seul en lice, après le retrait de la candidature d’Elisabeth Borne. Celle-ci a, de son côté, été élue présidente du conseil national du parti, fonction pour laquelle elle était également seule candidate. Ensemble, ils veulent reconstruire le parti. Gabriel Attal a ainsi annoncé des “États généraux”, à partir de mi-janvier, pour analyser les raisons de la déroute de Renaissance et répondre à la question suivante : “Où est partie la promesse de 2016 ?”, rapporte Contexte. Le nouveau secrétaire général a demandé à ce que soient invités des anciens militants ayant quitté le parti.